[VI] Romae quidem, cum ad primam famam valitudinis attonita et maesta civitas sequentis nuntios opperiretur et repente jam vesperi incertis auctoribus convaluisse tandem percrebuisset, passim cum luminibus et victimis in Capitolium concursum est ac paene revolsae templi fores, ne quid gestientis vota reddere moraretur, expergefactus e somno Tiberius gratulantium vocibus atque undique concinentium :
« Salva Roma, salva patria, salvus est Germanicus. »
Et ut demum fato functum palam factum est, non solaciis ullis, non edictis inhiberi luctus publicus potuit duravitque etiam per festos Decembris mensis dies. Auxit gloriam desideriumque defuncti et atrocitas insequentium temporum, cunctis nec temere opinantibus reverentia ejus ac metu repressam Tiberi saevitiam, quae mox eruperit.
[6] Or à Rome, comme la cité attristée et stupéfaite à la première nouvelle de sa maladie attendait la suite des informations et que soudain, un soir, sans qu'on en connût les auteurs, s'était enfin propagée l'annonce qu'il était convalescent, de partout la foule accourut avec des torches et avec des victimes sur le Capitole, arracha presque les portes du temple pour que rien ne la retardât dans son exaltation d'accomplir les vœux. Tibère fut réveillé par les cris des manifestations de gratitude et par le concert de voix qui chantaient de partout :
« Sauves sont Rome et la Patrie
Car Germanicus est en vie. »
Mais quand enfin fut ouvertement annoncé qu'il avait accompli sa destinée, nulle consolation, aucun décret ne put arrêter le deuil du peuple qui dura même encore pendant les jours fériés du mois de décembre. Et l'horreur de la période suivante augmenta la gloire et le regret du défunt, car tous étaient d'avis et non sans de sérieuses raisons que la cruauté de Tibère aurait été contenue par la crainte et le respect qu'il avait de Germanicus.
[VIII] C. Caesar natus est pridie Kalendas Septembres patre suo et C. Fonteio Capitone Consulibus. Ubi natus sit, incertum diversitas tradentium facit. Cn. Lentulus Gaetulicus Tiburi genitum scribit, Plinius Secundus in Treveris vico Ambitarvio supra Confluentes ; addit etiam pro argumento aras ibi ostendi inscriptas « ob Agrippinae puerperium ». Versiculi imperante mox eo divulgati apud hibernas legiones procreatum indicant :
« In castris natus, patriis nutritus in armis,
Jam designati principis omen erat. »
Ego in actis Antii editum invenio. Gaetulicum refellit Plinius quasi mentitum per adulationem, ut ad laudes juvenis gloriosique principis aliquid etiam ex urbe Herculi sacra sumeret, abusumque audentius mendacio, quod ante annum fere natus Germanico filius Tiburi fuerat, appellatus et ipse C. Caesar, de cujus amabili pueritia immaturoque obitu supra diximus. Plinium arguit ratio temporum. Nam qui res Augusti memoriae mandarunt, Germanicum exacto consulatu in Galliam missum consentiunt jam nato Gaio. Nec Plinii opinionem inscriptio arae quicquam adjuverit, cum Agrippina bis in ea regione filias enixa sit et qualiscumque partus sine ullo sexus discrimine puerperium vocetur, quod antiqui etiam puellas pueras, sicut et pueros puellos dictitarent. Extat et Augusti epistula, ante paucos quam obiret menses ad Agrippinam neptem ita scripta de Gaio hoc (neque enim quisquam jam alius infans nomine pari tunc supererat) : « Puerum Gaium XV Kal. Jun., si dii volent, ut ducerent Talarius et Asillius, heri cum iis constitui. Mitto praeterea cum eo ex servis meis medicum, quem scripsi Germanico si vellet ut retineret. Valebis, mea Agrippina, et dabis operam ut valens pervenias ad Germanicum tuum. » Abunde parere arbitror non potuisse ibi nasci Gaium, quo prope bimulus demum perductus ab urbe sit. Versiculorum quoque fidem eadem haec elevant et eo facilius, quod ii sine auctore sunt. Sequenda est igitur, quae sola restat et publici instrumenti auctoritas, praesertim cum Gaius Antium omnibus semper locis atque secessibus praelatum non aliter quam natale solum dilexerit tradaturque etiam sedem ac domicilium imperii taedio urbis transferre eo destinasse.
[8] Caius César est né la veille des Calendes de septembre l'année qu'étaient consuls son père et Caius Fonteius Capito [31 août 12 après J.-C.]. La diversité des témoignages rend incertain son lieu de naissance. Cnaeus Lentulus Gétulicus écrit qu'il est né à Tibur, Pline l'Ancien, chez les Trévires dans le village d'Ambitarvium au-dessus de Coblence et ajoute même pour preuve qu'on montre là-bas des autels avec l'inscription « En l'honneur de l'accouchement d'Agrippine ». Ce distique publié dès qu'il devint empereur indique qu'il vint au monde dans les quartiers d'hiver des légions :
« Né dans les camps, nourri par un père en armure,
Qu'il serait prince on en avait l'augure. »
Quant à moi je trouve au Journal Officiel qu'il naquit à Antium. Pline a réfuté Gétulicus en l'accusant presque de mentir par flagornerie, pour ajouter encore aux louanges d'un prince jeune et vaniteux quelque chose d'une cité consacrée à Hercule, et d'abuser plus effrontément de ce mensonge, parce que presqu'un an avant, à Tibur, était né un fils de Germanicus, lui-même appelé Caius Caesar, celui dont nous avons rapporté plus haut la beauté enfantine et le décès prématuré. La chronologie contredit Pline. En effet, les mémorialistes des faits d'Auguste s'accordent pour dire que Germanicus fut envoyé en Gaule juste après son consulat, donc après la naissance de Caius. Et l'inscription sur l'autel ne vient aucunement aider Pline, puisque Agrippine mit au monde deux filles dans cette région et que l'on appelle « accouchement » un enfantement sans aucune distinction du sexe, vu que les Anciens avaient coutume de dire puera pour puella comme puelli pour pueri. Il reste également une lettre d'Auguste qu'il écrivit à sa nièce Agrippine peu de mois avant de mourir au sujet de notre Caius (il ne lui survivait en effet alors aucun autre enfant de ce même prénom) : « Hier j'ai décidé avec eux, que Talarius et Asillius au XV des calendes de juin [le 18 mai], s'il plaît aux dieux, t'emmèneront le petit Caius. Pour l'accompagner, j'envoie aussi un de mes esclaves-médecins que Germanicus, comme je l'ai écrit, peut garder auprès de lui s'il le veut. Porte-toi bien, ma chère Agrippine, et fais en sorte de parvenir en forme auprès de ton cher Germanicus. » Je pense que cela prouve bien assez que Caius n'a pu naître là-bas, puisqu'il y fut emmené depuis Rome alors qu'il avait presque deux ans. Quant au distique, ces mêmes preuves retirent aussi toute créance et ce d'autant plus facilement que ces vers sont sans auteur connu. Il s'ensuit donc que seule demeure l'autorité du document public, surtout que Caius préféra toujours Antium à tout autre endroit pour se retirer et ne l'aima pas autrement qu'on aime sa terre natale. On rapporte aussi qu'il aurait eu le dessein d'y transférer le siège et la résidence de l'empire par dégoût de Rome.
Suétone a a écrit les Vies des douze Césars sous l'empereur Hadrien dont il était un fonctionnaire de cour. Il était en fait un proche de Septicius Clarus qui prit la tête du cercle de Pline le Jeune à la mort de celui-ci. Après une cabale où aurait participé l'impératrice Sabine, Hadrien congédia Clarus et Suétone (lire à ce propos l'Histoire Auguste (Vie d'Hadrien, XI, 3 : « Septicio Claro praefecto praetorii et Suetonio Tranquillo epistularum magistro multisque aliis [...] successores dedit. »).
Apparemment, Suétone n'aimait pas du tout le régime impérial, ni celui des Julio-Claudiens, ni celui des Antonins et il brouille les cartes. Les biographies des douze Césars ne sont pas que des biographies mais plutôt des dossiers, et dans ces dossiers il note per species les bons côtés et les travers de chaque empereur en vue de profiler un empereur type. Et l'affront suprême est qu'aucune des vertus qu'il met en avant n'appartient à Hadrien lui-même ! Il est certain qu'Hadrien se retrouvait avec ses défauts dans chaque César dépeint par Suétone.
Suétone entame la vie de Caligula (qui est le Caius Caesar du texte) en faisant le portrait du père de celui-ci, Germanicus. Ce portrait, bien sûr, est élogieux. Il fait le parallèle avec le monstre précédant Caligula, à savoir Tibère, et sera le portrait en négatif de son fils Caligula.
Suétone n'est pas un auteur innocent. Tous les imperii capaces qui meurent sans régner sont des anges, ceux qui règnent sont des affreux.
Suétone nous présente donc Germanicus comme un homme extrêmement doué qui obtient ses « diplômes » avant l'âge, constant et fidèle à Tibère, couvert d'honneurs et efficace dans ses devoirs. Puis il donne pour certain un soupçon d'empoisonnement, non sans faire de la physque ou de la chimie de bas étage. Le cœur d'un empoisonné résiste au feu. Voilà, le soupçon devient vérité. On notera que ce parfait commis de l'état est éloigné en Orient.
En vérité, Germanicus comme Tibère ont été désignés héritiers à part égale d'Auguste. Il s'agit là de l'héritage personnel d'Auguste. Il apparaît que d'un commun accord, Tibère et Germanicus se partagent les tâches. À Tibère la gestion et le titre d'empereur, à Germanicus le renforcement des frontières floues de Germanie puis d'Orient. Quant à son décès, retenons le diuturno morbo, une longue maladie. La suite est du pur roman digne d'un tabloïd.
Caius Julius Caesar Germanicus est cet homme que nous appelons Caligula. Lui-même ne fut jamais officiellement appelé Caligula sauf lorsque, enfant, il parut déguisé en soldat dans le camp de son père Germanicus lors de la mutinerie de 14 après J.-C. Voici sa titulature exacte à son décès : Caius Caesar Germanicus Augustus, Pontifex Maximus, Consul IV, Imperator, Tribuniciae Potestatis IV, Pater Patriae.
Les auteurs anciens disent Caius Caesar pour parler de lui. Le nom de Caligula pour le désigner ne viendra que plus tard sous la plume des historiens. Il avait la particularité d'être du sang d'Auguste et du sang de Marc Antoine :
Là encore, Suétone fait d'une opinion une certitude et Pison, certes montré comme responsable par le peuple et condamné à mort, préféra se suicider que se défendre. Cela est plus détaillé dans Tacite, Annales (III, 7-18). En fait, personne ne prouva quoi que ce fût, le peuple voulait lyncher Pison, le sénat plaire à Tibère qui, lui, se montrait neutre. Une neutralité comprise comme un arrêt de mort de Pison, puisque Tibère et Pison étaient très proches, avaient été consuls en même temps, etc. Pison, non franchement soutenu par Tibère, décida de se suicider en demandant la clémence de l'empereur pour ses enfants.
Voici la lettre de Cnaeus Pison (Tacite, Annales (III, 16) qui fut lue pendant le procès par Tibère lui-même, consignée dans les Acta Senatus. C'est donc un document fiable même si le style est peut-être quelque peu remanié par Tacite.
« Conspiratione inimicorum et invidia falsi criminis oppressus, quatenus veritati et innocentiae meae nusquam locus est, deos inmortalis testor vixisse me, Caesar, cum fide adversum te neque alia in matrem tuam pietate ; vosque oro liberis meis consulatis, ex quibus Cn. Piso qualicumque fortunae meae non est adjunctus, cum omne hoc tempus in urbe egerit, M. Piso repetere Suriam dehortatus est. Atque utinam ego potius filio juveni quam ille patri seni cessisset. Eo impensius precor ne meae pravitatis poenas innoxius luat. Per quinque et quadraginta annorum obsequium, per collegium consulatus, quondam divo Augusto parenti tuo probatus et tibi amicus nec quicquam post haec rogaturus salutem infelicis filii rogo. »
« Abattu par l'union de mes ennemis et la malveillance d'une fausse accusation de crime, dans la mesure où il n'y a plus lieu nulle part pour la vérité et pour mon innocence, je prends à témoins les dieux immortels, César, d'avoir vécu loyalement envers toi et dans le même dévouement envers ta mère. Je vous supplie de vous occuper de mes enfants, parmi eux Cnaeus Pison ne fut en rien associé à mon sort, puisqu'il passa tout ce temps à Rome, Marcus Pison me dissuada de regagner la Syrie. Et puissé-je avoir cédé à mon jeune fils plutôt que lui, à son vieux père ! Je te prie avec plus d'instance pour qu'il ne subisse le châtiment de ma faute, lui qui est innocent. Au nom d'une déférence de quarante-cinq ans, de notre consulat en commun, moi qui fus apprécié par ton père le divin Auguste et qui suis ton ami, sans ne rien solliciter après cela, je sollicite la vie pour un fils infortuné. »
Il s'agit d'ailleurs d'une des plus nobles familles de Rome. Souvenons-nous de l'ambitieux Cicéron qui fit des pieds et des mains pour marier Tullia à un Pison. César épousa en dernières noces une Calpurnia, fille Pison. Galba, le successeur de Néron, voulut adopter un Pison pour en faire son successeur, ce qui décida Othon à se dépêcher de les occire... Tibère à la stupéfaction générale sera clément envers les Pison. D'où peut-être, a posteriori, ce soupçon qu'il était complice du meurtre de son fils adoptif Germanicus ?
On pouvait, en effet, s'attendre à une plus grande rigueur de la part de Tibère contre Cnaeus Pison. Certes il n'y avait aucune preuve qu'il eût assassiné Germanicus mais Pison avait tout de même fait preuve d'hostilité flagrante envers Germanicus. Il complotait ouvertement avec sa femme Plancine en Syrie contre Germanicus et Agrippine, essayant par exemple de soulever certaines légions contre eux. À Antioche, alors que les gens sacrifiaient dans la joie en apprenant un rétablissement de la santé de Germanicus, il fit disperser par ses licteurs la foule. Bref, il n'aimait pas Germanicus et le faisait voir. Ce qui devrait a priori le disculper du crime d'empoisonnement puisque, en général, un assassin ne se montre pas ouvertement coupable.
C'est sûr, un tel homme aurait mieux fait de devenir empereur que de rester le second de l'affreux Tibère. Mais ne nous y trompons pas. Il a droit à de telles louanges justement parce qu'il n'a jamais régné. Lorsque nous lirons la suite de la biographie de Caligula nous verrons, avec sa description tant physique que morale, combien un méchant facteur avait dû s'introduire en cachette dans la chambre nuptiale de Germanicus une nuit où il était absent...
Germanicus eut une éducation soignée, comme tous les aristocrates romains de l'époque, et si ses propres qualités morales, intellectuelles et physiques ne sont pas à mettre en doute a priori, l'éloge de Suétone est un peu beaucoup emphatique.
Cet homme « valeureux et exemplaire » n'a pas vaincu de façon admirable les Germains et il s'est même tellement embourbé en des assauts qui n'en finissaient pas de n'avancer à rien que Tibère dut faire cesser toute initiative de conquête et préféra faire renforcer la frontière sur le Rhin. Les expéditions punitives coûtaient cher.
Notons sa beauté physique réelle comme le montrent ses portraits et le détail des jambes maigrelettes utile pour la suite de la biographie de Caligula.
Le roi des rois est le roi des Parthes, aussi appelé Grand Roi.
La suspension des tribunaux marque, à Rome, le deuil public.
En sept paragraphes, le biographe a tracé la vie de Germanicus ; or, malgré un semblant d'abondance de renseignements; il faut bien avouer que nous apprenons peu de choses. Nous ne savons ni la date de naissance ni la date du décès de Germanicus. Un seul détail chronologique nous dit que Germanicus devint questeur cinq ans avant l'âge minimum légal et consul juste après. Il est en Germanie, quand Auguste meurt en 14 après J.-C. À son retour à Rome, il est accueilli par la foule en délire et les cohortes prétoriennes. Il a droit au triomphe, il est nommé consul pour la seconde fois ; mais avant d'entrer en fonction, il est envoyé en Orient où il vainc le roi d'Arménie, réduit la Cappadoce en province romaine et meurt à Antioche à l'âge de 33 ans.
Aucun de ses renseignements ne peut nous donner la date de naissance ni la date de décès de Germanicus ! Que penser d'un tel biographe ? Pourquoi focalise-t-il sa vie de Germanicus uniquement sur les détails d'une mort présentée comme un crime et, en tout cas, comme un regret ? Pourquoi reste-t-il si vague dans la chronologie ? Quelle est réellement la méthode de Suétone ? Que dire d'un biographe qui s'inquiète si peu de chronologie, ici, alors qu'il sait se montrer plus pointilleux quand il le veut, ainsi que nous l'allons voir dans le chapitre suivant ? À quoi servait cette mini-biographie incomplète de Germanicus en préface de celle de Caligula ?
Une petite clarification s'impose : Germanicus, comme nous l'avons vu plus haut, est fils d'un Drusus, frère de Tibère et d'Antonia (fille d'Octavie, sœur d'Auguste, et de Marc Antoine). Tibère et ce Drusus sont tous les deux fils de Livie, la femme d'Auguste. Agrippine, la femme de Germanicus, est fille de Marcus Agrippa, un ami d'Auguste et de Julia, la fille qu'Auguste eut avec sa première femme Scribonia. L'union de Germanicus et d'Agrippine rapproche les liens familiaux puisque Auguste est le grand-père d'Agrippine et le grand oncle de Germanicus.
N'ayant pas d'enfants mâles, et pour que les Lares des Julii Caesares soient toujours honorés, Auguste adopta son petit neveu Germanicus. Ceci n'est pas à prendre à la légère. Tibère qui succède à Auguste, fils de Livie, n'est pas de la famille d'Auguste par le sang, et son propre fils, un autre Drusus, n'a pas non plus de sang d'Auguste puisque Tibère l'eut de Vipsania, laquelle Vipsania était la fille que Marcus Agrippa eut de Pomponia la fille d'Atticus, le célèbrissime épicurien ami de Cicéron.
Les vrais héritiers d'Auguste par le sang sont la famille de Germanicus. D'où, chez le peuple, cette haine latente contre Tibère et cet amour pour Germanicus. Bien sûr, le Néron, fils de Germanicus ici mentionné et accusé par Tibère, n'est pas l'empereur Néron qui lui sera fils d'Agrippine, l'aînée des filles de Germanicus et de Domitius Ahenobarbus.
Cnaeus Lentulus Gétulicus est un historien et poète, consul en 26 après J.-C. Il fut exécuté sur l'ordre de Caligula en 39 parce qu'il ourdissait contre lui en Germanie. Caius n'a pu naître là-bas, puisqu'il y fut emmené depuis Rome alors qu'il avait presque deux ans. Quant au distique, ces mêmes preuves retirent aussi toute créance, et ce d'autant plus facilement que ces vers sont sans auteur connu. Il s'ensuit donc que seule demeure l'autorité du document public, surtout que Caius préféra toujours Antium à tout autre endroit pour se retirer et ne l'aima pas autrement qu'on aime sa terre natale. On rapporte aussi qu'il aurait eu le dessein d'y transférer le siège et la résidence de l'empire par dégoût de Rome.
Voilà donc un Suétone soucieux de vérité et qui nous montre une belle enquête d'archiviste. Dommage que ce travail consciencieux se termine par un radotage : « on rapporte aussi... » Nous voyons que Suétone ne craint jamais d'entacher le sérieux de ses recherches au profit d'un cancan.
Le nom de Caligula est en effet le diminutif de caliga, à savoir la bottine de soldat.
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