Joculus
Heri, Cuculle, fabulam audiens fui.
Cucullus
Num de theatro existi ?
Joculus
Minime ! In circulo
Fui doctorum praesens ego !
Cucullus
Cur talia
Mihi advenire numquam, Hercules, queunt ?
Joculus
Nobis sapiens vir legit Plauti Pseudolum !
Cucullus
Grates dis !
Joculus
Inter irrisusque pocula,
Talesque tantos versus dixit ille vir
Ut iambis natura nunc tecum colloquar !
Cucullus
Dis grates ! Edepol, ter diisque gratulor !
Joculus
Qua re deorum tundis aures, obsecro ?
Cucullus
Poeta, Plauti versus audiens, si factus es,
Domesticorum dum adfuisti in circulo,
Ne de circo exiisses, do grates deis,
Sin autem totum devorasses me ut leo.
Joculus. — Hier, Cucullus, je fus auditeur d'une pièce de théâtre.
Cucullus. — Viendrais-tu du théâtre ?
Joculus. — Pas du tout ! Moi, j'étais dans un cercle d'hommes instruits.
Cucullus. — Pourquoi, par Hercule, de telles choses ne peuvent jamais m'arriver ?
Joculus. — Et un pro nous a lu le Pseudolus de Plaute !
Cucullus. — Je rends grâces aux dieux !
Joculus. — Parmi les plaisanteries et les verres, ce grand homme déclama tellement de vers que maintenant je te parle naturellement en iambes !
Cucullus. — Grâces aux dieux ! Par Pollux, je remercie trois fois les dieux !
Joculus. — Pourquoi assommes-tu les oreilles des dieux, je te prie ?
Cucullus. — Si en écoutant des vers de Plaute, pendant que tu étais dans cette clique d'intimes, tu es devenu poète, je rends grâces aux dieux que tu ne sortes pas du cirque, sinon tu m'aurais dévoré tout entier comme un lion.
Polymnesta
Abhinc iambis ego loqui tecum volo.
Barbulus
Polymnesta, id quin ocius confecimus ?
Celer decursus annorum et vitae fluit
Sicut tranquilla flumina quae imponunt notas
Membris seniora se videre territis...
Polymnesta
Molestus ne sis ! Loqueris tu tanquam senex
Male claudicans, te cum voluissem iambicum !
Polymnesta
Désormais je veux parler avec toi en iambes.
Barbulus
Que ne l'avons-nous fait plus tôt, Polymnesta ?
Le cours rapide des ans et de la vie coule
Comme un fleuve tranquille qui imprime ses stigmates
Sur nos membres effrayés de se voir trop vieux...
Polymnesta
Ne sois pas ennuyeux !
Tu parles comme un vieux mal-en-jambes
Alors que je te voulais bon en iambes !
Polymnesta
Dum Romanorum vidi fastos, facta sum
Irata !
Cucullus
Quae unde, pol, feroxque truxque vox ?
Polymnesta
Pax ! Trux ego non sum nec ferox sed pervicax !
Cucullus
Quin haece Cucullo saepe dixisti tuo ?
Qua re autem Fastis ex Romanis detrahas
Tam magnam iram mihi confiteri te obsecro.
Quod si essem factus aerumnarum certior
Tuarum, ego in te fieri possem operosior !
Polymnesta
Cuculle, singulares illud exigit
Vires ut ipse removisset Hercules
Clavam ! Mutantur neque mores neque tempora !
Irata quidem sum, mecastor, quia feriae
Erant mense uno plusquam sunt anno mihi.
Polymnesta. — En regardant le calendrier des Romains, je me suis mise en colère !
Cucullus. — Et, par Pollux, d'où vient ce cri farouche et sauvage ?
Polymnesta. — Du calme ! Je ne suis ni farouche ni sauvage, mais super obstinée !
Cucullus. — Que ne dis-tu cela souvent à ton petit Cucullus ? Je te prie de m'avouer pourquoi tu puises une si grande colère à partir du calendrier romain. Parce que si j'étais plus au courant de tes tracas, moi, je pourrais t'être plus utile.
Polymnesta. — Cucullus, cela demande une force singulière de sorte qu'Hercule lui-même mettrait sa massue au rancart ! On ne change ni les mœurs ni les temps ! Je suis certes en colère, par Castor, parce qu'il y avait en un seul mois plus de jours fériés que j'en ai en un an.
Joculus
Luculli in Hortos veni ornatos versibus
Floriferis atque vidi, qui me vicere,
Pythagorae versus, Hercule, ipsius aureos !
Cucullus
Quid est miri, obsecro, in Pythagorae versibus ?
Joculus
Lepidi virtutis quamvis scripti a Graeculo.
Exaudi ! Primo cultum adhibe inmortalibus
Deis, ut fas est, postid cole datam fidem,
Claros heroas celebra, subterraneos
Et genios, esto tandem legibus obsequens !
Cucullus
Nec mihi lepidus videtur haec dictans pater !
Joculus. — Je suis venu dans les Jardins de Lucullus ornés de vers fleuris et, par Hercule, j'ai vu les Vers d'Or de Pythagore lui-même qui m'ont convaincu !
Cucullus. — Qu'y a-t-il d'admirable dans les vers de Pythagore, je te prie ?
Joculus. — Ils sont charmants de vertu, quoiqu'écrits par un grécaillon. Écoute ! « D'abord offre un culte aux dieux immortels, comme c'est prévu par les lois divines ; ensuite honore la foi donnée, vénère les célèbres héros et les Génies souterrains ; enfin sois obéissant aux lois ! »
Cucullus. — Mon père ne me semble jamais charmant quand il m'ordonne ça !
Cucullus
Quid, Barbule mi, cum hoc linteo facturus es ?
Barbulus
Considerare tempus est qui vestibus
Majores amicirentur.
Cucullus
Quae est res maxima !
Barbulus
Ita est ! Totiens hos video amictos linteis
Quotiens de sinibus vestium nil sentio.
Cucullus
Eosne saepe vidisti ?
Barbulus
Quin desine
Me irrideas ! Jam, Cucullus molestus es !
Dicebam statuas !
Cucullus
Ex simulacris nil trahes !
Mihi spectanti linteo hoc te obscenius
Amictum, ita videre impotens ut censeam
Ut Buddhistam artem vestiendi postules !
Cucullus. — Mon cher Barbulus, que vas-tu faire avec ce drap ?
Barbulus. — Il est temps d'étudier comment nos Anciens s'habillaient.
Cucullus. — Voilà une très grande question !
Barbulus. — Mais oui ! Toutes les fois que je les vois revêtus de leur drap, à chaque fois je ne comprends rien aux plis de leurs vêtements.
Cucullus. — Et tu en as vu souvent ?
Barbulus. — Tu ferais mieux d'arrêter de te moquer de moi ! Cucullus, tu m'ennuies déjà. Je parlais de leurs statues.
Cucullus. — Tu ne tireras rien des statues ! Et quand je te vois trop indécemment revêtu dans ce drap, tu sembles tellement incapable que je te conseillerais de demander à un bouddhiste l'art de se vêtir !
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