En l'an 17 avant Jésus-Christ, Auguste confie au jurisconsulte Ateius Capito l'interprétation des Livres Sibyllins et le charge de déterminer la date des jeux séculaires dédiés aux dieux Phoebus et Trivia (Apollon et Diane) et célébrés au théâtre de Marcellus. Toutefois, selon les Livres Sibyllins, ils doivent être célébrés en l'an 16. Ce sont les prêtres quindecimuiri sacris faciundis – auparavant duumuiri et decemuiri – qui les organisent. Tous les cent ans, en principe, étaient alors célébrés les saeculares ludi, marquant le renouvellement de la cité et consacrés aux divinités des morts. D'ailleurs, l'empire romain se maintiendrait dans toute sa gloire, tant que ces fêtes seraient exactement célébrées.
Or, les différents peuples d'Italie ne s'accordent pas sur la signification du mot siècle. Il représente pour eux la plus longue durée de la vie humaine, et chacun évalue cette durée à sa façon. Pour les Latins, elle vaut 100 ans. Pour les Étrusques, elle vaut 110 ans.
En réalité, il existait deux sortes de jeux séculaires, ceux qui étaient censés fêter le renouvellement des générations – saeculum. En principe, il n'y avait aucun rapport avec l'anniversaire de Rome ; mais la règle était que l'on fêtait une nouvelle ère après la mort du dernier survivant de l'ère précédente. Ce saeculum pouvait donc dépasser la valeur ronde de cent ans. Le principe incluait seulement qu'il n'y avait aucun survivant du précédent saeculum quand on fêtait le nouveau saeculum.
Varron, dans son premier livre des Origines scéniques, s'exprime ainsi :
« Comme il s'était manifesté plusieurs prodiges, et que le mur et la tour qui sont entre la porte Colline et la porte Esquiline venaient d'être frappés par le feu du ciel, les décemvirs, après avoir interrogé les livres sibyllins, déclarèrent qu'il fallait célébrer les jeux séculaires dans le champ de Mars, en l'honneur de Pluton et de Proserpine, et immoler des victimes noires à ces divinités ; ajoutant que ces jeux devaient être renouvelés tous les cent ans. »
Tite-Live souligne aussi au livre CXXXVI : « Dans la même année, César fit revivre avec une grande pompe l'institution des jeux séculaires, qu'il est d'usage de célébrer tous les cent ans, c'est-à-dire à la fin de chaque siècle. »
Un passage de Suétone dans la Vie du divin Claude explique cela :
« Fecit et saeculares quasi anticipatos ab Augusto nec legitimo tempori reseruatos quamuis ipse in historiis suis prodat intermissos eos Augustum multo post diligentissime annorum ratione subducta in ordinem redegisse. Quare uox praeconis irrisa est inuitantis more sollemni ad ludos quos nec spectasset quisquam nec spectaturus esset cum superessent adhuc qui spectauerant et quidam histrionum producti olim tunc quoque producerentur. »
Iulius propose comme traduction :
Claude célébra les jeux séculaires, sous prétexte qu'Auguste les avait fêtés trop tôt, avant leur date normale, et pourtant lui-même proclame dans son Histoire que la succession régulière de ces jeux, qui avaient été longtemps suspendus, fut rétablie par Auguste, après avoir fait très scrupuleusement le compte des années. Aussi railla-t-on la formule consacrée que le crieur public disait pour inviter à ces jeux que personne n'avait vus et ne devait revoir, puisqu'il existait encore à ce moment des personnes qui avaient assisté aux précédents jeux et que certains histrions qui s'étaient autrefois produits sur scène y figuraient de nouveau.
Les jeux séculaires, initialement institués par Valerius Publicola, premier consul après l'expulsion des Tarquins, se tinrent en :
Nous obtenons ainsi deux fois le saeculum de 110 ans. Notons que l'auteur païen Aurélius Victor se plaint que Constantin n'ait pas célébré de jeux séculaires vers 314 après J.-C.
Quant à Claude, il institua les jeux centenaires anniversaires de Rome, qu'on appela aussi Jeux Séculaires, en posant pour principe qu'un saeculum valait cent ans de Rome. Ils se fêtaient lors des Parilia, fêtes en l'honneur du protecteur des troupeaux Palès, le 21 avril. Le rituel, assez compliqué, consistait en trois jours et trois nuits de sacrifices et de jeux de scène archaïques, puis de sept jours supplémentaires de divertissements plus « modernes » au théâtre et au cirque.
Les Jeux Séculaires eurent lieu en :
Ces derniers étaient aussi les Jeux du Millénaire de Rome. Rappelons que Paul Petit, dans son Histoire générale de l'empire romain, dit que l'on n'hésitait pas à faire quelques entorses au comput lorsque d'un point de vue politique il pouvait être intéressant de les célébrer.
Aussi se chevauchèrent deux computs séculaires qui n'avaient rien à voir, au fond.
Caïn, Caligula, Éole, Iulius et Ugo Bratelli.
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