Antisthène, qui vécut des années 440 à 370 environ avant Jésus-Christ, était un disciple de Socrate. Il enseignait au Cynosarges, le gymnase des bâtards. Comme les mégariques, il considérait qu'il était impossible de traduire adéquatement la réalité concrète des unités individuelles, c'est-à-dire qu'une chose ne peut être définie que par elle-même. Platon nous relate par exemple dans Sophiste (251 a) que nous ne pouvons point dire « un homme est bon », mais « le bon est bon » et « l'homme est homme ». De facto, la copule « est » signifiait exclusivement l'identité. Nous pouvons donc nous demander si cela n'eût pas un rapport avec le refus total de la logique et de la physique. Antisthène était en effet passé maître dans l'art des tautologies et des lapalissades puisqu'il n'existe plus aucun esprit de contradiction. Il ouvrait donc le mouvement des faux discours et de l'impossibilité de la prédication et de la définition. « Un chat est un chat » et rien d'autre ! Cela finit par conduire au raisonnement par l'absurde.
Sa morale annonçait d'ailleurs celle du cynisme par son refus des conventions sociales : il vivait selon les lois de la uirtus et méprisait l'honos, si bien que l'obscurité et la peine étaient pour lui un bien très précieux. C'est donc qu'il préférait l'ascétisme moral et cynique à la passion intellectuelle. Il n'y a bien sûr aucune transcendance, mais une vie de pauvreté frugale.
En revanche, il en devint insensible aux tragédies de l'existence. Nous pourrions donc voir en sa philosophie un hédonisme et un eudémonisme certes assez différent des épicuriens.
Diogène de Sinope, du nom de sa ville natale sur la mer Noire, vécut des années 413 à 327 environ avant Jésus-Christ. Il est aussi dénommé Diogène le Cynique par rapport à sa philosophie et il fut un disciple d'Antisthène. Ses écrits sont perdus, bien que leur authenticité ait été contestée dès l'Antiquité : des dialogues, des pièces et un traité La République. L'action la plus célèbre qu'il fit est sans aucun doute sa réponse à Alexandre, du fond de la jarre en terre dans laquelle il vivait : « Ôte-toi de mon soleil ».
Une anecdote à son sujet rapporte qu'il toucha un mur pour prouver aux sophistes que le mouvement existait ; le mouvement se démontre en marchant depuis lors. On rapporte aussi qu'il brisa son écuelle en voyant un enfant boire au creux de sa main, qu'il chercha en plein jour avec sa lanterne des hommes sans en trouver et, vendu comme esclave en Crète, qu'il déclara que son métier était de commander, par exemple à son maître Xéniade.
Selon Queneau et Montaigne, Diogène pratiquait l'onanisme en public puis annonçait :
« Quel dommage qu'on ne trompe pas l'estomac aussi facilement ! ».
Pour toutes ces raisons, Platon le dénomma « Socrate devenu fou ».
Iulius et Jean Colinas.
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