La foi

Document PDF à téléchargerVous trouverez sur ces pages quelques éléments de réflexions spirituelles sur l'islâm. Pour plus d'informations sur les raisons qui m'ont poussé à les rédiger ainsi que sur l'optique dans laquelle il faut les lire, merci de consulter l'avant-propos de ce document.
 

La foi constitue le thème du deuxième livre d'al-Bukhârî. Elle est attestée par la parole et concrétisée par les actes. Elle augmente par l'assiduité dans la dévotion et le comportement quotidien de piété. Dieu emplit le cœur des croyants d'un réconfort apaisant et fait rayonner leur âme de joie. Il accroît en eux la foi, les guide et les mène vers le salut.

Le calife `Omar Ibn `Abd al-`Azîz précise que la foi comprend :

`Abdallah Ibn `Omar dit : « L'homme n'atteint la véritable piété que lorsqu'il évite de faire ce qui embrouille sa conscience. » Ainsi, fuir tout ce qui peut éloigner le musulman de Dieu est un acte de foi. Un musulman applique déjà une moitié de la foi en se tenant à l'écart des interdits comme le vol, l'adultère, l'infanticide, les mensonges odieux – comme une femme qui attribue à son époux la paternité d'un enfant bâtard –, les boissons alcoolisées, la drogue, la viande de porc, etc.

La foi est cependant fragile si l'on n'y porte pas attention : dans son vingt-septième hadîth, al-Bukhârî rapporte que le Messager de Dieu fait un don à un homme qui lui est moins préférable qu'un autre en ce qui concerne la pratique de l'Islâm. Il agit en réalité de la sorte pour le maintenir dans la foi et de la consolider afin qu'il n'aille pas en Enfer. Le Prophète n'a alors rien donné à un musulman exemplaire dont la foi est inébranlable, convaincu qu'il ne risquerait pas de tomber dans l'hérésie.

Dans la sourate ii « La Vache » (Al-Baqarah), nous est donnée une définition de la piété :

 

177. — La piété ne consiste pas à tourner votre tête du levant au couchant. Mais la piété consiste à croire en Dieu, au Jour dernier, aux anges, à l'Écrit, aux prophètes, à donner de son bien, pour attaché qu'on y soit, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, aux enfants du chemin, et pour (l'affranchissement) d'esclaves, à accomplir la prière, à acquitter la purification, à remplir les pactes une fois conclus, à prendre patience dans la souffrance et l'adversité au moment du malheur : ceux-là sont les véridiques, ce sont eux qui se prémunissent. ﴾۱۷۷﴿ لَيْسَ الْبِرَّ أَنْ تُوَلُّوا وُجُوهَكُمْ قِبَلَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَلَكِنَّ الْبِرَّ مَنْ آَمَنَ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآَخِرِ وَالْمَلَائِكَةِ وَالْكِتَابِ وَالنَّبِيِّينَ وَآَتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّائِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ وَأَقَامَ الصَّلَاةَ وَآَتَى الزَّكَاةَ وَالْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُوا وَالصَّابِرِينَ فِي الْبَأْسَاءِ وَالضَّرَّاءِ وَحِينَ الْبَأْسِ أُولَئِكَ الَّذِينَ صَدَقُوا وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُتَّقُونَ

 

Le Prophète dit : « La foi est formée de soixante et quelques rameaux, la pudeur en est un. »

(hadîth 9 d'al-Bukhârî)

La pudeur est le sentiment que l'on éprouve à la pensée d'une action mauvaise non encore réalisée ; c'est la retenue des mauvais actes et le soutien des justes causes. Le fidèle préféré en Islâm est celui qui s'abstient de pécher. Il s'agit aussi de faire montre d'hospitalité et de ne jamais nuire à une tierce personne ; bien au contraire, il faut aimer pour celle-ci ce que l'on aime pour soi-même, sachant que nous ne devons aimer aucun être plus que Dieu et Son Prophète puisque toute personne aimée ne doit l'être que pour Dieu.

Le salut se doit d'être adressé aux personnes que nous croisons : saluer les gens est un appel à la paix puisque le salut veut dire « paix » (as-salâm) en arabe. Il faut en outre toujours reconnaître ses torts, puisque c'est accorder aux autres leurs droits. Faire l'aumône, même dans la gène, c'est faire preuve d'une noble générosité et de solidarité mutuelle. Tout cela fait partie des rameaux de l'Islâm.

Le Prophète dit : « Le véritable musulman est celui dont les musulmans sont à l'abri du mal causé par sa langue et par sa main. Le véritable émigrant est celui qui fuit ce que Dieu a interdit. »

(hadîth 10 d'al-Bukhârî)

Du temps du Prophète, tout musulman souhaitait pouvoir bénéficier de la récompense divine promise à ceux qui ont émigré à Médine pour soutenir la cause du Prophète. Or, après la conquête de la Mecque, cette récompense fut supprimée. Son équivalent est présenté dans ce hadîth : toute personne qui s'abstient de commettre des péchés est autant récompensée que si elle avait émigré à Médine au début de l'Islâm.

Lors de son ascension au delà des cieux pour recevoir les enseignements divins, le Messager de Dieu vit que les femmes étaient majoritaires en nombre dans les feux de la Géhenne :

Le Prophète dit : « L'Enfer me fut exposé ; ses habitants étaient en majorité des femmes, pour leur ingratitude ! — Sont-elles ingrates envers Dieu ? lui demanda-t-on. » Il dit : « Elles le sont envers leurs conjoints, elles méconnaissent leurs bienfaits. Si tu fais du bien à l'une d'elles toute ta vie et qu'une fois elle constate une négligence, elle dit : « Jamais je n'ai vu de bien de ta part. »

(hadîth 29 d'al-Bukhârî)

Ce n'est bien entendu pas une vérité générale : il existe des femmes vertueuses, tout comme il existe des maris ingrats envers leur(s) épouse(s). Selon moi, ce hadîth vise davantage à insister sur le fait que l'amour, le dialogue et la complicité entre les époux doivent régner au sein d'un couple. Les bienfaits procurés par un conjoint sont une bénédiction divine et il faut savoir les reconnaître.

Au sujet de la foi, il est souvent dit dans le Coran que les femmes ont une dévotion incomplète : elles seraient de moindre adoration puisqu'elles manquent au jeûne et à la prière pendant leurs menstrues, et de jugement inférieur puisque leur témoignage compte pour moitié de celui de l'homme. Il n'en faut cependant pas moins noter que ce manque d'adoration pendant les règles peut être compensé par des actions véritables et agréées par Dieu : l'aumône, le dhikr (la pensée au Seigneur et la récitation du Coran), l'éducation de ses enfants, la préservation de l'amour et de la douceur dans son foyer, etc. Quant au jeûne, il peut facilement être rattrapé, en état de purification, après le Ramadân. La femme ne devrait donc pas se sentir inférieure à l'homme dans le domaine de la foi ! Qu'elle se souvienne que toute personne qui possède en son cœur un atome de bien sortira de l'Enfer, si jamais Dieu a voulu qu'elle s'y rendît de manière passagère !

Le péché d'association est le seul péché que Dieu ne puisse pardonner ; tout autre péché peut être pardonné à qui Il veut. Les péchés sont une pratique de la jâhiliyya, à savoir l'état d'ignorance de Dieu et de Ses lois, dans lequel se trouvaient les arabes avant l'Islâm.

Tandis que le croyant craint Dieu, l'hypocrite [L'hypocrite est défini dans le hadîth 34 d'al-Bukhârî comme celui qui « trahit la confiance placée en lui, ment quand il parle, trahit la foi jurée et tombe dans la perversité quand il se prend de querelle avec quelqu'un. »] se croit à l'abri de Son châtiment.

Au bâb 29, la tarjama d'al-Bukhârî, c'est-à-dire la sorte de préface qu'il apporte à un hadîth, rapporte ce dire du Prophète : « Le culte le plus aimé de Dieu est le plus simple, comme celui d'Abraham. » L'Islâm est une religion souple qui ne doit en aucun cas être appliquée avec trop de rigueur. Il faut faire de son mieux, en tâchant de s'approcher de l'idéal autant que possible, confiants en la bonté de Dieu. La foi doit être sincère ; Dieu récompense toute bonne action au décuple et étend Ses faveurs à Son gré. La meilleure œuvre aux yeux de Dieu est celle qui est assidûment accomplie : ce sont de telles œuvres qui, même modestes, entretiennent quotidiennement la foi. Se dévouer au commun du peuple en l'instruisant et en œuvrant pour son bien fait partie du fondement de la foi.

[...] J'ai entendu le Messager de Dieu dire : « Quand deux musulmans s'affrontent, les épées à la main, tué et tueur iront tous deux en Enfer. — Envoyé de Dieu, lui dis-je, le tueur le mérite, mais pourquoi la victime ? — Parce qu'elle voulait la mort de son vis-à-vis ! »

(hadîth 31 d'al-Bukhârî)

C'est une pensée fort belle à méditer !

Le savoir

Rabî`a Ibn Abî `Abd ar-Rahmân al-Madanî, professeur d'Anas Ibn Mâlik dit : « Quiconque possède un savoir ne doit pas se faire tort à lui-même (en refusant de l'enseigner). » Quiconque omet de transmettre le savoir participe à l'extinction du savoir et à l'apparition de l'ignorance. Il encourt donc sa responsabilité devant Dieu. Le savoir s'éteint par la mort des savants ; ceux qui possèdent une connaissance se doivent donc de l'enseigner à autrui. S'ils négligent de diffuser leur savoir, ils privent les autres de ses bienfaits et sont eux-mêmes en chemin de l'oublier. Le tort est ainsi double, et leurs connaissances s'éteignent avec eux.

Heureusement que les propos du Prophète ont fini par être enregistrés et transmis dans les écrits constituant la Sunna ! Gardons en vue que faire part de son savoir revêt plus de valeur que posséder telle ou telle richesse ! Il faut cependant veiller à ne jamais mentir puisque celui qui ment au sujet du Prophète s'érige une demeure en Enfer...

Le Prophète dit : « Dieu ne retire pas le savoir en l'extirpant des cœurs des gens, mais il le fait par le décès des savants. Une fois qu'il n'y aura plus de savants, les gens éliront des chefs ignorants. Quand on fera appel à eux, ils rendront des jugements sans fondement, s'égareront eux-mêmes et égareront les autres. »

(hadîth 100 d'al-Bukhârî)

Il faut toujours prendre soin d'enseigner par intervalles pour ne pas lasser l'auditoire. Lors d'une prêche, l'imâm ne doit pas allonger outre mesure le temps de la prière en commun car cela décourage les gens ; parmi les présents, se trouvent en effet le malade, le faible et le pressé. Il s'agit de faciliter la pratique de la religion, et non de rebuter les gens. Enfin, notons qu'il est de bon ton pour son auditoire, lorsque l'on est interrogé par une tierce personne alors que l'on est occupé à parler d'un autre sujet, de ne répondre qu'après avoir terminé son propos.

Quiconque vient pour s'instruire, Dieu le couvre de Sa protection et lui accorde Sa miséricorde. « Les anges couvrent de leurs ailes les assistants aux cours. » Si l'on voit une place libre, on peut s'y installer – mais en aucun cas il n'est permis de faire lever quelqu'un pour occuper sa place. Il est aussi possible, en cas de timidité, de prendre place derrière les auditeurs. Les présents doivent transmettre les enseignements aux absents [Il ne faut pas oublier que les générations futures font partie de ces « absents ».].

Le véritable musulman doit mener une vie bénéfique pour l'humanité et le milieu où il vit. « Celui à qui Dieu veut du bien, Il l'instruit en religion », dit le Prophète tel que le rapporte al-Bukhârî dans son hadîth 71.

Le Prophète prévient aux ahâdîth 80 et 81 d'al-Bukhârî que « parmi les signes de l'heure ultime, on peut citer la régression du savoir (religieux), la progression de l'ignorance, la généralisation des boissons enivrantes, la manifestation de l'adultère et le surnombre des femmes ». Ce surnombre s'explique par les guerres qui causent davantage de victimes chez les hommes que chez les femmes. L'adultère détruit la lignée familiale et fait apparaître des fléaux destructifs comme le sida.

Les menstrues

Le sixième livre d'al-Bukhârî aborde le thème des menstrues. Dieu le Très Haut dit dans la sourate ii « La Vache » (Al-Baqarah) :

 

222. ils t'interrogent sur les menstrues. Dis : « C'est une affection ». Isolez-vous des femmes en cours de menstruation. N'approchez d'elles qu'une fois purifiées. Quand elles seront en état, allez à elles par où Dieu l'a pour vous décrété
— Dieu aime les enclins au repentir. Il aime les scrupuleux de pureté.
﴾۲۲۲﴿ وَيَسْأَلُونَكَ عَنِ الْمَحِيضِ قُلْ هُوَ أَذًى فَاعْتَزِلُوا النِّسَاءَ فِي الْمَحِيضِ وَلَا تَقْرَبُوهُنَّ حَتَّى يَطْهُرْنَ فَإِذَا تَطَهَّرْنَ فَأْتُوهُنَّ مِنْ حَيْثُ أَمَرَكُمُ اللَّهُ إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ التَّوَّابِينَ وَيُحِبُّ الْمُتَطَهِّرِينَ

 

Le terme adhâ, ici traduit par « affection », est difficile à rendre en français. Certains le rendent par « souillure » ou « mal », voire « inconvénient ». Or Dieu lie explicitement cet adhâ à l'acte sexuel. Il est normal pour une femme d'avoir ses règles, et ce n'est ni un mal ni une souillure. En revanche, les musulmanes doivent s'abstenir de rapports sexuels pendant leur période de règles. C'est davantage une précaution d'hygiène qu'autre chose puisqu'il n'existe pas, à ma connaissance, de contre-indication à cela. Pendant les menstrues, certaines femmes peuvent certes éprouver davantage de désir et de plaisir lors d'un rapport, mais elles n'en demeurent pas moins plus vulnérables (fatigue, douleurs, hypersensibilité, etc.), d'autant plus que cette période est propice aux infections aussi bien pour la femme aux muqueuses à vif que pour l'homme au contact du sang.

C'est pourquoi Dieu, qui est le plus Connaissant, a interdit aux femmes la pratique sexuelle pendant sa période de règles. Sont aussi interdits la prière, le jeûne et la circumambulation [Le tawâf, ou circumambulation en français, désigne les sept tours que les musulmans effectuent autour de la Ka`bah lors du pèlerinage à la Mecque. `Â'icha, la mère des croyants, lorsqu'elle eut ses règles à vingt kilomètres de la Mecque, se mit à pleurer ; al-Bukhârî rapporte dans les ahâdîth 294 et 305 que le Prophète lui dit alors que « c'est une loi divine pour toutes les filles d'Adam » et qu'elle pouvait accomplir tout ce que fait le pèlerin, sauf le tawâf, qu'elle acquitterait après sa purification (avec du coton parfumé).]. Il n'est pas besoin de rattraper les prières manquées pendant les menstrues.

Il faut bien noter que le sang des règles n'est pas impur au sens usuel du terme, mais un sang de rejet, et c'est ce qui le rend « impur » dans la terminologie de l'islâm. Les saignements utérins hors menstrues sont en revanche considérés comme « purs » d'après le hadîth 306 d'al-Bukhârî, puisqu'ils ne sont pas liés à un rejet, mais par exemple à une irritation de l'utérus. Le coït, le jeûne, la prière et la circumambulation sont donc licites à une femme atteinte de métrorragie.

La femme en état de menstruation peut laver la tête de son mari et lui peigner les cheveux. `Â'icha le faisait pour le Prophète, ce qui prouve qu'une femme réglée peut s'approcher de son mari. Il en va de même d'une femme en état de janâba, c'est-à-dire d'une femme qui ne s'est pas lavé le corps après un acte sexuel. Une femme réglée peut dormir sous le même drap que son mari. Le contact physique et sensuel (hors pénétration [« Mais qui parmi vous peut maîtriser son instinct sexuel autant que le Prophète ? », met en garde `Â'icha dans le hadîth 302 d'al-Bukhârî.]) est permis puisque le Messager de Dieu jouissait de sa femme menstruée qui s'entourait alors le bassin d'un izâr (voile).

Il est licite pour l'homme de réciter du Coran, la tête reposant sur les cuisses de sa femme réglée. D'après `Abdallah Ibn `Abbâs, il n'y a pas de mal non plus à ce que la femme récite un verset du Coran en période de menstrues. Lorsqu'elle s'aperçoit de la fin de ses règles, il ajoute qu'« elle doit se laver et faire ses prières, même pour un court temps. Puis son mari peut avoir des rapports sexuels avec elle. La prière n'est-elle pas plus importante que l'acte conjugal ? »

Les taches de sang provenant des menstrues sur les habits peuvent être lavées à l'eau et frottées avec l'ongle, puis ces vêtements mis pour prier. Certaines musulmanes revêtent cependant des habits différents en période de règles.

Les ablutions

Le Jour du Jugement dernier, les musulmans auront le visage, les bras et les pieds jaillissant de lumière ; ces traces remarquables qui résultent de leurs ablutions les distingueront.

La base des ablutions a été fixée par le Prophète au lavage de chaque membre une fois seulement. Il s'est lavé aussi deux fois et trois fois sans toutefois dépasser les trois. Il est déconseillé d'abuser et de dépasser le nombre de fois fait par le Prophète. Pour se mettre en état de prier, il faut se laver le visage et les mains jusqu'aux coudes puis passer la main sur la tête et se laver les pieds jusqu'aux chevilles – « Gare aux talons de l'Enfer ! » pour ceux qui ne lavent pas leurs pieds correctement [Il faut cependant noter que le Prophète a parfois été vu se passer les mains humides par dessus les chaussons lors de ses ablutions.]. La femme est comme l'homme et passe les mains intégralement sur la tête. On peut aider quelqu'un à faire ses ablutions. Il n'est pas besoin de se laver les dents lorsque l'on rince la bouche, bien que le Prophète eût indiqué que s'il ne craignait pas d'imposer à sa communauté ce qui pourrait lui être pénible, il l'aurait astreinte à se nettoyer les dents à toutes les prières. Les ablutions commencent par se laver les mains.

`Abdallah Ibn `Abbâs fit ses ablutions. En se lavant le visage, il procéda comme suit :
— il puisa de l'eau avec une main, se rinça la bouche et se nettoya le nez ;
— il puisa ensuite de l'eau avec une main, adjoignit une main à l'autre et se lava le visage (le râwî refit le geste d'Ibn `Abbâs devant son auditoire) ;
— il puisa de l'eau avec une seule main et se lava le bras droit ;
— il puisa encore de l'eau avec une main, et se lava le bras gauche, ensuite il s'essuya la tête ;
— il puisa encore de l'eau avec une seule main, qu'il répandit petit à petit sur le pied droit en se lavant ;
— il puisa encore de l'eau avec une seule main, et fit de même pour le pied gauche.
Puis il dit : « J'ai vu le Prophète faire ainsi ses ablutions. »

(hadîth 140 d'al-Bukhârî)

Le Prophète aimait commencer par le côté droit du corps en se chaussant, en se peignant, en se lavant, en se couchant, et dans tout ce qu'il entreprenait. Il faisait ses ablutions avec un mudd d'eau, c'est-à-dire la contenance de deux mains jointes (0,63 litre).

Nulle prière n'est agréée sans ablutions. Les ablutions ne sont pas à refaire en cas d'un simple doute ; en revanche, après un hadath certain, à savoir tout ce qui interrompt l'état de purification spirituelle, le musulman doit quitter sa prière et recommencer les ablutions. Celui qui lâche un vent, que ce soit un pet ou une vesse [Une vesse est un pet sans bruit.], se retrouve dans un état d'impureté et doit renouveler ses ablutions. Celui qui rit dans sa prière doit la refaire, sans nouvelles ablutions. Saigner n'interrompt pas la prière. Il est possible d'accomplir plusieurs prières sans refaire d'ablutions, du moment où l'on n'a pas été sujet à un hadath.

Si l'on est gagné par le sommeil pendant une prière, il vaut mieux l'interrompre et se coucher jusqu'à être totalement conscient de ce que l'on dit.

Lorsque le Prophète entrait aux lieux d'aisances, il demandait au Seigneur de le protéger contre les vices inspirés par les démons mâles et femelles (al-khoubth et al-khabâ'ith).

Il faut invoquer Dieu en toute situation, même pendant les relations conjugales : si l'homme approche sa femme en demandant à Dieu d'éloigner Satan de ce qu'Il leur octroiera comme progéniture, alors Satan n'aura aucune emprise sur l'enfant qui naîtra de cette union.

Les taches de sang dues aux menstrues des femmes doivent être frottées puis lavées ; le vêtement peut ensuite être mis pour prier. Les taches de sperme doivent être lavées lorsqu'elles sont encore humides puis frottées une fois sèches. Le Prophète sortait à la prière le vêtement parfois encore marqué des traces de lavage. Il faut noter que parmi les péchés les plus graves, se trouve celui de ne pas se préserver de son urine : s'éclabousser ou ne pas se donner le temps de vider complètement sa vessie afin qu'aucune goutte ne souille ses habits.

Muhammad donne une recommandation d'hygiène en déconseillant de tenir son phallus avec la main droite lorsque l'on urine, et de se nettoyer les parties intimes avec la main droite après les selles. Cela permet en effet de limiter le transfert de bactéries d'un individu à un autre, ou d'une partie à une autre de son propre corps, la main droite étant usuellement très utilisée pour saluer une personne ou se frotter les yeux. Similairement, il est déconseillé de respirer dans un vase où l'on boit.

La nourriture

J'ai interrogé le Prophète (sur le chien qui chasse pour son maître), il me dit : « Quand tu lances ton chien dressé, tu peux manger du gibier qu'il tue, mais s'il en a mangé, n'y touche pas parce qu'il l'aura chassé pour lui. » Je lui ai encore demandé : « Je lance quelquefois mon chien et je trouve un autre avec lui ! — Ne mange pas de ce gibier, répondit le Prophète, car tu as invoqué le nom de Dieu sur ton chien et non sur l'autre. »

(hadîth 175 d'al-Bukhârî)

Ceci montre que la salive du chien n'est pas impure, bien qu'il faille laver sept fois le vase dans lequel un chien a lapé de l'eau. Le gibier est cuit avant d'être mangé, ce qui élimine les bactéries présentes dans la salive du chien.

Le lavage du corps

Même s'il n'y a pas eu d'éjaculat, il ne faut pas prier après un rapport sexuel sans s'être au préalable entièrement lavé le corps (ghusl), sauf si l'on est en voyage. Dans le cas où une personne est malade, en voyage ou si elle revient de la selle, ou encore si elle a eu un rapport sexuel et n'a pas trouvé d'eau, il est possible d'utiliser un sa`îd pur, c'est-à-dire quoi que ce soit qui apparaisse à la surface de la terre de pur à l'état naturel, comme le sable ou une roche, à l'exception des plantes, pour en passer sur son visage et ses mains.

Quand le Prophète se lavait le corps à la suite d'une janâba, il commençait par se laver les mains, puis faisait ses ablutions comme pour la prière [hormis les pieds]. Ensuite il plongeait ses doigts dans l'eau et se frictionnait le cuir chevelu, puis versait trois fois le contenu de ses deux mains d'eau sur la tête, après quoi il versait de l'eau sur tout le corps [puis se déplaçait de cet endroit et se lavait les pieds].

(ahâdîth 248 [et 249] d'al-Bukhârî)

L'état de janâba provient non seulement d'un rapport sexuel mais aussi d'un rêve érotique se terminant par une sécrétion vaginale ou spermatique. Il est possible d'introduire sa main dans le récipient avant de la laver, même en état de janâba, du moment où elle ne porte pas de saleté apparente en dehors de la janâba. Il faut bien veiller à se laver les parties intimes et les souillures qui les ont atteintes. Maymûna, épouse du Prophète, rapporte au hadîth 257 qu'il les lavait uniquement de la main gauche puis qu'il frottait sa main contre le sol ou un mur d'argile. Il faut frictionner ses cheveux jusqu'à s'assurer que le cuir chevelu est bien trempé. Le corps peut être lavé en commençant par le côté droit.

Le Prophète m'a rencontré alors que j'étais en état de janâba. Il me prit par la main et j'ai fait un bout de chemin avec lui. Quand il s'assit, je me suis dérobé discrètement et je suis allé chez moi me laver le corps, puis je revins. Le Prophète était encore là. « Où étais-tu Abû Hurayra ? » me dit-il. Je lui ai donné la raison de mon absence. « Subhân Allâh ! Abû Hurayra ! Le croyant ne devient jamais impur » me dit-il !

(hadîth 285 d'al-Bukhârî)

Ce hadîth prouve que le croyant lui-même n'est jamais impur. La transpiration de celui qui est en état de janâba n'est pas impure. Le contact humain est normal entre une personne en état de janâba et une autre qui ne l'est pas. Le Prophète faisait par exemple la tournée conjugale de ses onze femmes en une seule nuit, sans se purifier entre chacune. Il est possible de se coucher en état de janâba si l'on a fait ses ablutions au préalable et que l'on s'est lavé les parties intimes. Les anges cohabitent avec les personnes en état de janâba.

Le Prophète se lavait le corps avec une quantité d'eau allant d'un sâ` à cinq mudd [Un sâ` correspond à quatre mudd, soit 2,52 litres.]. De manière générale, il ne faut jamais gaspiller l'eau.

Le tayammum

L'origine du tayammum résulte d'une difficulté dont l'heureuse issue a été bénéfique pour tous les musulmans :

Je suis partie une fois en voyage avec le Prophète, dit `Â'icha. Arrivés à Baydâ' ou à Dhâtu Jaych (le doute est du râwî), mon collier se détacha de mon cou. Le Prophète se mit à sa recherche et les gens aussi. La région était privée d'eau. On alla s'en plaindre à Abû Bakr en disant : « Vois-tu ce qu'a fait (ta fille) `Â'icha ? elle a retenu le Prophète et les gens alors que la région est privée d'eau ! » Abû Bakr vint me trouver alors que le Prophète était en plein sommeil, la tête posée sur ma cuisse, dit `Â'icha. Il m'a tancée vertement en me lardant la hanche du doigt en disant : « Tu as retenu l'Envoyé de Dieu dans un endroit sans eau et les gens en manquent ! » Rien ne me retenait de bouger sauf la tête du Prophète sur ma cuisse ! Le lendemain matin, le Prophète se trouva donc sans eau ! Alors Dieu institua le tayammum que les gens appliquèrent depuis.
Usayd Ibn Hudayr dit alors à `Â'icha : « Ce n'est pas la première fois que nous constatons votre baraka, vous la famille d'Abû Bakr ! »
Quand le chameau que je montais se dressa, dit `Â'icha, nous trouvâmes le collier qui était dessous !

(hadîth 334 d'al-Bukhârî)

Lorsque l'on manque d'eau et que l'on craint de voir passer l'heure de la prière, il est possible de recourir au tayammum. Le malade qui dispose d'eau mais qui n'a personne pour l'aider à faire ses ablutions peut aussi y recourir. Le tayammum consiste simplement à poser les mains sur le sol de manière à toucher un sa`îd pur, puis de souffler sur ses mains et de s'essuyer le visage et les mains.

On rapporte que `Amr Ibn al-`As, alors qu'il était chargé de diriger une expédition militaire, se trouva en état de janâba en une nuit de grand froid et recourut au tayammum car il craignit de tomber malade et de mourir.

Contrairement à une idée fausse mais répandue, Hasan al-Basrî rapporte qu'un seul tayammum suffit pour plusieurs prières tant que l'on n'est pas sujet à un hadath. C'est un moyen de purification qui possède les mêmes vertus que les ablutions.

La prière

Toute la révélation a été transmise par l'intermédiaire de l'archange Gabriel, sauf la prière. L'institution de la prière fut révélée directement par Dieu au Prophète lors de son mi'râj (l'ascension au delà des sept cieux). L'archange Gabriel en révéla ensuite la pratique : il ouvrit la poitrine du Prophète puis la lava avec l'eau de Zamzam et y vida un vase en or rempli de sagesse et de foi avant de la refermer. Le hadîth 349 rapporte que Dieu avait institué cinquante prières par jour et nuit pour la communauté musulmane. Mais lors du mi'râj, Moïse prévint Muhammad que sa communauté serait incapable de les accomplir. Il fallait qu'il retournât auprès du Seigneur pour lui demander de réduire ce nombre de moitié, ce qu'Il fit, mais c'était toujours trop aux yeux de Moïse. Après avoir diminué trois fois ce nombre, Dieu décréta : « Elles sont au nombre de cinq ayant la valeur de cinquante, mes arrêts ne peuvent être modifiés. » Le Prophète n'osa alors plus demander une nouvelle fois la réduction de ce nombre. Au début, toutes les prières étaient de deux rak`a chacune. Elles prirent leur forme définitive après l'hégire.

Il vaut mieux porter des vêtements qui ne perturbent pas l'œil lors des prières : certains motifs ou dessins peuvent en effet distraire celui qui prie.

Anas Ibn Mâlik rapporte que le Prophète faisait parfois sa prière sans se déchausser.

Il faut réaliser une partie de nos prières chez nous, de sorte que nos maisons ne deviennent pas un cimetière [On ne doit pas faire de prière dans un cimetière.].

Si la prière est accomplie involontairement dans une autre direction, celle-ci ne doit pas être refaite. Si l'on s'en rend compte en cours de prière, on change de direction sans avoir besoin de recommencer depuis le début. Hasan al-Basrî dit : « Sur une barque, tu pries debout, tournant chaque fois qu'elle change de direction. » C'est ce qui devrait donc être fait lorsque nous sommes par exemple en croisière.

Le Prophète dit : « Quiconque accomplit notre prière, s'oriente vers notre qibla et mange de ce que nous égorgeons, est un musulman qui jouit du pacte de protection de Dieu et de Son Prophète. Ne violez pas le pacte de Dieu. »

(hadîth 391 d'al-Bukhârî)

Ce hadîth s'adresse à tout musulman pour le mettre en garde de tomber dans l'erreur de considérer non musulman quelqu'un qui suit ces trois préceptes, même s'il n'était pas musulman par le passé. Initialement, la direction de la prière était Jérusalem ; une révélation divine dans la sourate ii « La Vache » (Al-Baqarah) modifia cela :

 

144. Que de fois Nous voyons ton visage virevolter en direction du ciel ! Eh bien ! que Je te tourne vers un orient susceptible de te contenter ! Tourne donc ton visage du côté du Sanctuaire consacré.
— Où que vous soyez, tournez votre visage de ce côté-là. Les détenteurs de l'Écriture savent bien qu'en cela réside le Vrai, venant de leur Seigneur.
— Dieu n'est pas inattentif à leurs agissements.
﴾۱۴۴﴿ قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاءِ فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَحَيْثُ مَا كُنْتُمْ فَوَلُّوا وُجُوهَكُمْ شَطْرَهُ وَإِنَّ الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ لَيَعْلَمُونَ أَنَّهُ الْحَقُّ مِنْ رَبِّهِمْ وَمَا اللَّهُ بِغَافِلٍ عَمَّا يَعْمَلُونَ

 

Lors d'une prière, il ne faut cracher ni devant soi ni à sa droite, mais à sa gauche ou sous son pied gauche car devant soi se trouve Dieu, et à droite ceux qui sont promus au paradis.

`Abdallah Ibn `Abbâs priait dans les églises chrétiennes du moment où elle ne contenaient pas de statues. Le Prophète condamne en effet ceux qui, à la mort d'un homme saint, lui élèvent un lieu de prière et y représentent des images ; les tombes des prophètes juifs ou chrétiens ne devraient pas servir de lieux de culte. Muhammad mettait en garde sa communauté de les imiter.

Quand on entre à la mosquée, on doit faire deux rak`a avant de s'asseoir. Lorsque l'on traverse une mosquée, toute arme doit être rendue inoffensive (les flèches sont tenues par la pointe, les armes à feu déchargées, les crans de sûreté mis, etc.).

Lors du pèlerinage d'adieu, le Prophète fit la prière dans une vaste place à l'air libre. Une pique servait d'écran symbolique ; ainsi, les passants ne traversaient pas sur l'espace de ses prosternations. Il était bien entendu licite pour les femmes de passer derrière la pique ; cela ne perturbait pas la prière. En revanche, il est interdit à quiconque de passer entre la pique et quelqu'un en prière.

Grand est le mérite de celui qui contruit une mosquée : le hadîth 450 précise que « Dieu lui édifie une résidence pareille au Paradis, s'il le fait dans le seul dessein de plaire à Dieu ». Comme toujours, l'intention d'une action doit être pure.

Les prières surérogatoires de nuit contiennent deux rak`a chacune. Lorsque l'heure de la prière du subh approche, il faut les terminer par une rak`a (celle de la prière du witr), qui clôt toutes les prières de la nuit.

Le Prophète dit : « La prière en commun surpasse de vingt-cinq degrés celle que l'homme fait tout seul chez lui, ou dans le sûk. Quand l'un de vous fait parfaitement ses ablutions et se rend à la mosquée, rien que pour accomplir la prière, Dieu l'élève d'un degré à chaque pas qu'il fait, ou lui efface un péché, et cela jusqu'à ce qu'il arrive à la mosquée. Il est considéré en prière dès qu'il y entre, et ce tant que la prière l'y retient. Les anges prient pour lui, tant qu'il est là, en disant « Seigneur ! Pardonne-lui ses péchés et accorde-lui Ta miséricorde », ceci tant qu'il ne rompt pas ses ablutions par un hadath. »

(hadîth 477 d'al-Bukhârî)

« Le croyant est pour le croyant comme le sont les éléments d'une construction se soutenant mutuellement. » (extrait du hadîth 481)

Les horaires de la prière

Les cinq prières quotidiennes sont de stricte obligation pour le croyant et doivent être accomplies aux heures prescrites. Le hadîth 521 rapporte que l'archange Gabriel est descendu cinq fois au cours d'une journée pour faire la prière devant le Prophète, qui l'accomplit au même moment. À l'issue de la cinquième, Gabriel dit : « C'est ce qui m'a été ordonné de faire ! »

La prière du dhuhr doit cependant être retardée jusqu'au rafraîchissement de l'air (la chaleur intense est une émanation de l'Enfer). Les anges de la nuit et les anges du jour se relaient à la prière du subh et d'al-`asr (les deux prières des « fraîcheurs »), si bien qu'il est important de les réaliser à l'heure : lorsque le Seigneur leur demandera, tout en sachant mieux qu'eux, ce que Ses serviteurs faisaient lorsqu'ils les avaient quittés, les anges répondront : « Ils étaient en train de prier quand nous les avons quittés et ils priaient aussi quand nous les avons rejoints ! »

La prière est une absolution des péchés, pour toute la communauté du Prophète, sans exception. En sujûd, il convient de prendre une position correcte et exempte de paresse, en éloignant le ventre des cuisses, sans étendre les bras sur le sol.

Le Prophète dit : « Voyez-vous si à la porte de l'un de vous coule une rivière où il se baigne cinq fois par jour, pensez-vous qu'il reste quelque chose de ses souillures ? – Sûrement rien ! répondit-on. – Les cinq prières sont comparables à cette rivière ! Grâce à elles, Dieu efface les péchés. »

(hadîth 528 d'al-Bukhârî)

Sont interdites les prières surérogatoires entre le subh et le lever du soleil, et entre al-`asr et le coucher du soleil.

Il est permis à l'homme exposé à des contraintes de la vie quotidienne de regrouper ses prières. Dès qu'un oubli est constaté, même vingt ans après, il faut accomplir les prières manquées respectivement selon leur ordre.

L'appel à la prière

À leur arrivée à Médine, les musulmans se rassemblaient pour la prière en estimant approximativement l'heure, car il n'y avait pas encore d'adhân. Une fois, ils se sont concertés à ce sujet. Certains dirent : « Utilisons une cloche comme les chrétiens. » D'autres dirent : « Utilisons un cor comme les juifs. » Alors `Omar Ibn al-Khattâb proposa en disant : « Ne vaudrait-il pas mieux charger quelqu'un de faire à haute voix l'appel à la prière ? » Alors le Prophète dit à Bilâl : « Va appeler à la prière ! »

(hadîth 604 d'al-Bukhârî)

C'est l'origine de l'appel à la prière sous la forme que nous connaissons aujourd'hui. Bilâl fut chargé de répéter deux fois chaque phrase de la formule de l'adhân (appel au rassemblement pour la prière en commun) et une seule fois celles de l'iqâma (annonce du début de l'accomplissement de la prière), sauf pour « la prière est prête » qui doit être répétée deux fois à l'iqâma.

La formule de l'adhân cantillée [La cantillation coranique désigne une prononciation sur un mode chanté.] en arabe par le muezzin est la suivante :

La formule de l'iqâma cantillée en arabe par le muezzin est la suivante :

Lorsque l'on entend l'appel à la prière, il faut répéter ce que dit le muezzin, si ce n'est « Accourez à la prière » et « Accourez au succès » qui sont remplacés par « Il n'y a de puissance ni de force qu'en Dieu ».

Aux dires du Prophète, lorsque l'adhân est lancé, le démon s'enfuit en pétant pour ne pas l'entendre. Il revient une fois l'appel terminé et s'enfuit de nouveau à l'iqâma pour revenir à la fin s'insinuer entre le fidèle et son âme et tenter de lui faire rappeler telle ou telle chose auxquelles il ne pensait plus, de sorte qu'il perde le compte de combien de rak`a il a accompli.

Il est méritoire, en entendant l'appel, d'invoquer Dieu pour qu'il accorde à Muhammad les meilleures places auprès de Lui (privilèges al-wasîla et al-fadîla). Il est méritoire d'assurer l'appel et d'être au premier rang pendant la prière en commun.

Il est permis de parler entre deux formules de l'adhân, et éventuellement d'en modifier une partie :

`Abdallah Ibn `Abbâs nous tint un discours par un jour froid, pluvieux et boueux. Quand le muezzin arriva à la formule « accourez à la prière », il lui ordonna de dire : « Faites la prière chez vous ». Les gens le regardèrent les uns les autres (désapprouvant ce changement) ! Ibn `Abbâs leur dit alors : « Quelqu'un de meilleur a déjà fait cela (sous-entendant le Prophète). C'est une autorisation expresse de Dieu. »

(hadîth 616 d'al-Bukhârî)

Il est en effet préférable de ne pas embarrasser les fidèles outre mesure dans certains cas, de la même manière que la récitation doit être raccourcie par l'imam puisque parmi les fidèles, il y a des personnes plus faibles, plus âgées ou plus pressées que d'autres. En entendant un bébé pleurer, le Prophète allégeait la récitation pour ne pas que la mère fût distraite de sa prière en s'inquiétant trop pour son enfant. Lorsque l'on prie seul, on peut assurément allonger la prière à volonté.

Le Prophète accomplissait deux légères rak`a (la prière surérogatoire d'al-fajr) entre l'adhân et l'iqâma de la prière du subh. Une fois l'iqâma de la prière rituelle prononcée, nulle prière surérogatoire ne doit être faite ; la prière du subh ne fait par exemple pas quatre rak`a, ainsi que le rappela l'Envoyé de Dieu. Il est possible de s'asseoir après les rak`a impaires et de ne se relever qu'après avoir marqué une pause.

Il ne faut pas se presser en venant à la prière, mais s'y rendre paisiblement et dignement ; en cas d'arrivée tardive, on accomplit la partie en cours et on complète à la fin par celles qui ont été manquées. Une personne qui fait ses ablutions et se rend à la mosquée dans le dessein d'accomplir la prière voit un péché effacé à chaque pas qu'il fait [D'où le fait que le Prophète déconseille de déménager pour se rapprocher d'une mosquée.]. On ne cesse d'être en prière tant que l'on attend son accomplissement (y compris lorsqu'elle est retardée pour une raison ou une autre).

Le Prophète dit : « Sept catégories de personnes seront à l'ombre de Dieu le jour où il n'y aura d'ombre que la Sienne, à savoir : – le gouverneur juste, – un jeune homme qui grandit dans l'adoration de Dieu, – un homme dont le cœur est attaché aux mosquées, – deux personnes qui s'aiment pour l'amour de Dieu, se réunissent et se séparent pour Lui, – un homme qu'une femme belle et d'un certain rang social incite à l'adultère, et à laquelle il répond : « je crains Dieu ! », – un homme qui fait l'aumône discrètement si bien que sa main gauche ignore ce qu'a donné sa main droite et – un homme se trouvant seul et pensant à Dieu, fond en larmes. »

(hadîth 660 d'al-Bukhârî)

Le Prophète préconise que lorsque le repas est servi alors que l'iqâma de la prière est prononcée, il faut commencer par le repas sans se presser jusqu'à la fin (ahâdîth 671 à 674). `Abdallah Ibn `Omar continuait d'ailleurs à manger tout en entendant la récitation de l'imam. Abû ad-Dardâ' précise que « le propre de l'homme instruit en religion, c'est de satisfaire son besoin de nourriture et de s'adonner ensuite à sa prière, l'esprit dégagé de ce qui risque de le préoccuper ».

Le bon alignement des rangs fait partie de la perfection de la prière. L'imam doit y veiller. Les rangs doivent être complétés, et serrés coude à coude, talon contre talon. Si les fidèles savaient l'avantage d'être au premier rang, ils auraient à chaque fois recours au tirage au sort pour se départager les places.

L'imam peut être séparé des fidèles par un mur, un courant d'eau, une rue ou un autre obstacle, pourvu que l'on entende son takbîr. Le Prophète avait pour habitude d'accomplir des prières surérogatoires de nuit dans sa chambre, et était suivi par des personnes voyant sa silhouette depuis la rue ; il arrêta, de peur que la prière de nuit ne leur devînt obligatoire. La meilleure prière, de toute façon, est celle faite chez soi, excepté la prière rituelle.

Le Prophète observait un temps de silence entre le takbîr d'entrée en prière et la récitation du Coran. Il pensait pendant ce silence : « Seigneur, éloigne-moi de mes péchés comme Tu as éloigné l'Est de l'Ouest ! Seigneur, purifie-moi de mes péchés comme on purifie l'habit blanc des souillures ! Seigneur, lave mes péchés avec de l'eau, de la glace et de la grêle ! » (hadîth 744). Une personne dont l'haleine est imprégnée d'ail cru ou d'oignon ne doit pas accéder aux lieux de prière en commun. En aucun cas il ne faut lever le regard vers le ciel pendant la prière ; autrement, la vue sera ravie à celui qui le fait. Il ne faut non plus pas s'incliner en rukû` avant d'atteindre le rang en cours de prière, même si l'imam est en station rukû`. Les cheveux ne doivent pas être rebroussés, ni les habits retroussés, lors des prosternations. Abû Humayd as-Sâ`idî rapporte que le Prophète orientait ses orteils vers la qibla lors du sujûd et du tachahhoud, c'est-à-dire qu'il pliait les orteils au lieu de plaquer le dos du pied sur le sol.

Au hadîth 806 est décrit le mérite du sujûd. Le jour du jugement dernier, après l'ultime épreuve du croyant qui devra réfuter la parole d'un ange se proclamant être Dieu, les fidèles traverseront le sirât, un pont jeté au-dessus de l'Enfer. Certains seront happés par les épines de sa`dân (une plante épineuse) selon leurs actions puis leur corps dévoré par le feu, d'autres seulement lacérés. Dieu a défendu à l'Enfer de s'attaquer aux traces de sujûd, à savoir les sept parties osseuses du corps qui ont touché le sol pendant les prosternations (front, mains, genoux et orteils).

 

↑ Retour au haut de cette page

Pages connexes

← Retour au menu précédent